Oui, il est tout à fait possible de devenir orthophoniste à 40 ans, même si cela demande de suivre 5 années d’études à temps plein et de passer par la sélection très exigeante des Centres de Formation Universitaire en Orthophonie (CFUO). Nous recevons régulièrement des messages de personnes en pleine réflexion sur cette reconversion, et nous tenons à vous rassurer : ce projet ambitieux est réalisable, à condition de bien vous préparer et d’avoir conscience des défis à relever.
Dans ce guide, nous abordons les points suivants :
- Les motivations profondes qui poussent à choisir ce métier à 40 ans
- Les avantages concrets et les obstacles propres à une reconversion à cet âge
- Les qualités humaines que nous considérons comme essentielles pour exercer
- Le parcours académique obligatoire pour obtenir le Certificat de Capacité d’Orthophoniste
- Les étapes concrètes pour intégrer une école d’orthophonie après 40 ans
Pourquoi devenir orthophoniste à 40 ans ?
À 40 ans, on connaît déjà bien ses forces, ses aspirations et ce qui donne vraiment du sens à notre quotidien. Beaucoup de personnes en reconversion nous expliquent qu’elles cherchent un métier où elles peuvent aider concrètement les autres, tout en conservant une certaine autonomie professionnelle.
Le métier d’orthophoniste répond parfaitement à ces attentes. Ce professionnel de santé paramédicale accompagne des personnes de tous âges dans leurs difficultés de communication : enfants avec des retards de langage ou une dyslexie, adultes en rééducation après un accident vasculaire cérébral, personnes âgées atteintes de maladies neurodégénératives comme Alzheimer. Les domaines d’intervention sont vastes : troubles du langage oral et écrit, difficultés de prononciation, problèmes de voix, troubles de la déglutition, difficultés en lecture ou en mathématiques.
Pour nous, la reconversion vers l’orthophonie à 40 ans témoigne souvent d’une volonté de trouver un équilibre entre utilité sociale, stimulation intellectuelle et liberté d’organisation. Que ce soit en cabinet libéral, en hôpital, en EHPAD ou dans des structures spécialisées comme les IME (instituts médico-éducatifs) ou les CMPP (centres médico-psycho-pédagogiques), les possibilités d’exercice sont nombreuses et variées.
Les avantages et défis d’une reconversion à 40 ans
Nous ne voulons pas vous mentir : reprendre des études à 40 ans comporte des défis bien réels. Vous devrez suivre une formation de 5 ans à temps plein, avec environ 25 à 32 heures de cours par semaine selon les périodes. Les matières sont denses et exigeantes : neurosciences, psychologie, linguistique, sciences biomédicales (neurologie, pédiatrie, psychiatrie, gériatrie), acoustique, imagerie médicale.
Financièrement, il faut anticiper ces années sans revenu professionnel à temps plein. Les stages, qui débutent dès la première année en école primaire, puis se poursuivent en crèche, EHPAD, cabinet libéral ou institutions spécialisées, ne sont pas rémunérés et les déplacements ne sont pas remboursés.
Maintenant, parlons des atouts considérables que vous apportez à 40 ans. Votre maturité émotionnelle, votre expérience relationnelle et votre capacité à gérer des situations complexes sont des atouts précieux dans ce métier. Vous savez pourquoi vous êtes là, vous n’êtes pas en train de tâtonner pour trouver votre voie. Cette motivation solide est perçue très positivement lors des entretiens d’admission. Les statistiques montrent qu’environ 5 % des étudiants en orthophonie sont en reconversion professionnelle, et leur taux de réussite est souvent excellent car ils arrivent avec une détermination sans faille.
La perspective d’exercer en libéral offre une flexibilité précieuse pour ceux qui souhaitent concilier vie professionnelle et vie personnelle. Après quelques années d’expérience, un orthophoniste libéral gagne en moyenne environ 2 500 € brut par mois, avec la possibilité d’organiser son emploi du temps selon ses contraintes familiales.
Les qualités humaines indispensables pour réussir dans ce métier
Au-delà des compétences techniques que vous acquerrez pendant vos études, certaines qualités humaines sont fondamentales pour exercer l’orthophonie avec succès.
L’écoute active et l’empathie sont absolument centrales. Vous travaillerez avec des patients parfois en grande difficulté, frustrés par leurs troubles de communication, anxieux face à leurs progrès. Savoir écouter vraiment, comprendre les émotions non dites, rassurer avec authenticité : ces capacités sont votre premier outil thérapeutique.
La patience et la persévérance sont également essentielles. Les progrès en orthophonie sont rarement linéaires. Un enfant dyslexique mettra des mois à automatiser certains mécanismes de lecture. Une personne âgée en rééducation post-AVC aura des jours avec et des jours sans. Vous devrez célébrer les petites victoires, maintenir la motivation de vos patients et la vôtre, séance après séance.
L’adaptabilité est une autre qualité que nous valorisons énormément. Chaque patient est unique : ce qui fonctionne avec l’un ne fonctionnera pas forcément avec l’autre. Vous devrez constamment ajuster vos méthodes, créer des exercices sur mesure, imaginer de nouvelles approches.
La rigueur professionnelle ne doit pas être négligée. Vous réaliserez des bilans précis, suivrez des protocoles, tiendrez des dossiers patients, rédigerez des comptes rendus pour les médecins prescripteurs.
Enfin, la capacité à travailler en réseau est précieuse. L’orthophoniste collabore régulièrement avec d’autres professionnels : médecins généralistes, neurologues, psychiatres, psychologues, enseignants, infirmiers, sages-femmes.
Le diplôme nécessaire pour exercer : le Certificat de Capacité d’Orthophoniste (CCO)
Nous tenons à être transparents sur ce point : il n’existe qu’un seul diplôme reconnu pour exercer l’orthophonie en France, le Certificat de Capacité d’Orthophoniste (CCO). Ce diplôme de grade Master s’obtient obligatoirement après 5 années d’études dans l’un des 22 CFUO répartis sur le territoire français.
Aucun raccourci n’est possible, même si vous possédez déjà un diplôme de niveau bac+3 ou bac+5. Les 5 années sont incompressibles car la formation est très complète et progressive.
Le programme couvre un spectre très large de connaissances. Les sciences humaines et sociales (linguistique, psychologie, sciences de l’éducation) vous donneront les clés pour comprendre le développement du langage. Les sciences biomédicales (neurologie, pédiatrie, psychiatrie, gériatrie, pharmacologie) vous permettront de comprendre les pathologies rencontrées. Les sciences techniques (acoustique, imagerie médicale) fourniront des outils de diagnostic.
Vous étudierez aussi les différents types de prises en charge : troubles de l’oralité, difficultés de lecture et d’écriture, problèmes de déglutition. Des matières transversales complètent la formation : anglais professionnel, gestes de premiers secours (AFGSU), et la rédaction d’un mémoire de recherche.
Comment intégrer une école d’orthophonie à 40 ans ?
L’admission en CFUO passe obligatoirement par Parcoursup, quelle que soit votre situation. Même en reconversion à 40 ans, vous devrez constituer un dossier sur cette plateforme. Ce dossier comprend vos bulletins de notes, votre relevé du bac, une fiche Avenir et surtout un projet de formation motivé qui fait office de lettre de motivation.
Nous vous conseillons de soigner particulièrement ce projet de formation motivé. C’est votre opportunité de montrer votre motivation personnelle, votre compréhension fine du métier, vos qualités relationnelles, votre niveau en français et vos connaissances en culture scientifique. N’hésitez pas à valoriser votre parcours professionnel antérieur en montrant en quoi il vous a préparé à devenir orthophoniste.
Si votre dossier est retenu, vous serez convoqué à un entretien oral individuel, généralement en mai. Selon les centres, cet oral se déroule en présentiel ou à distance. Vous y trouverez des questions sur votre parcours, vos motivations, vos expériences, et parfois de petits exercices pratiques comme une dictée ou une mise en situation.
Soyons honnêtes avec vous : ce concours est très sélectif. Seuls 10 à 20 % des candidats sont admis chaque année. Environ 50 % des étudiants sont des néo-bacheliers, 40 % des personnes en réorientation après une première année d’études supérieures, et seulement 5 % de reconversions professionnelles.
Face à cette sélectivité, beaucoup de candidats choisissent de suivre une préparation spécialisée. Ces prépas existent en ligne ou en présentiel, et certaines sont spécifiquement conçues pour les adultes en reconversion. Elles peuvent être autofinancées ou financées via votre Compte Personnel de Formation (CPF).
Nous vous recommandons également d’enrichir votre dossier par des expériences concrètes avant de candidater : bénévolat auprès d’associations d’aide aux enfants en difficulté scolaire, stages d’observation dans des cabinets d’orthophonie, lectures spécialisées sur les troubles du langage. Ces démarches montreront votre engagement réel et votre compréhension du métier.
Devenir orthophoniste à 40 ans est un projet exigeant mais réaliste. Nous voyons chaque année des personnes accomplir cette reconversion avec succès. Leur secret ? Une motivation solide, une préparation sérieuse, et la capacité à s’organiser rigoureusement pendant ces 5 années d’études.

